Un film retraçant le drame d'Utoya écoeure les survivants (vidéo)

Un film reconstituant le drame d'Utoya est déjà prêt à hanter les salles obscures. L'attaque avait fait, le 22 juillet dernier, 69 jeunes victimes quand Anders Breivik avait ouvert le feu sur la paisible petite île norvégienne. Le film bouleverse les survivants et l'entourage des jeunes décédés.

L'émoi est encore palpable dans l'opinion publique et les proches des victimes n'ont pas encore eu le temps de sécher leurs larmes qu'un film à petit budget ravive déjà la douleur des familles et des survivants de l'attentat. Ces derniers tentent de mettre fin au lancement du film, mais temporairement sans succès. Faits encore trop proches, réalisation hasardeuse, absence de délicatesse, la Norvège reste bouche bée.

Manque de temps et de recul
Le scénario, lui, est évidemment basé sur un bain de sang terrible qui était, il y a encore quelques mois, réalité. D'abord l'attaque à la bombe perpétrée dans le centre d'Oslo par Anders Breivik. Ensuite la fusillade dans le camp de jeunes d'Utoya et les dizaines de morts retrouvés sur l'île située au nord-ouest d'Oslo où le parti social démocrate avait organisé un camp de vacances. Au total, 77 personnes avaient péri.

Evidemment, la récupération du drame dans le cadre d'un long-métrage n'était qu'une question de temps. En l'occurrence, peu de temps. Les survivants de Breivik et l'entourage des victimes se disent profondément choqués après avoir visionné la bande-annonce du film. Heurtés par la musique sinistre qui rythme les images, mais aussi et surtout par les plans de jeunes courant dans tous les coins pour échapper à l'assaut du tireur fou. "Je vais tous vous tuer", y clame comme dans une mauvaise parodie l'acteur qui incarne Anders Breivik.

"Ecoeurant"
Les survivants ont immédiatement demandé à la police d'interrompre la campagne de promotion du film, en vain. Et pour l'instant, le site de partage YouTube refuse de retirer la bande-annonce qui y circule. "Il est important de trouver une manière de relater ce qui s'est passé ce jour-là", concède Adrian Pracon, qui a survécu au drame. "Mais revoir l'événement de cette façon, c'est juste écoeurant".

Le producteur du film, George Anton, affirme cependant avoir soutenu le film par sympathie pour les victimes. Il dit espérer que le massacre survenu en Norvège mènera à l'interdiction du port d'armes aux Etats-Unis. Prévention et hommage, tels seraient les desseins honorables du film qui, dès la bande-annonce, laisse pourtant prédire une réalisation, des dialogues et une musique dignes des plus mauvais films d'action. Lesquels ne reflètent pas avec un goût douteux, eux, une catastrophe survenue trois mois plus tôt.

(acx)