Le pic de Bugarach, refuge présumé de l’apocalypse, sera interdit d’accès
Le pic de Bugarach, surplombant le petit village audois du même nom, et qui, selon certaines prédictions, serait le seul endroit de la planète épargné par une prétendue fin du monde annoncée pour le mois prochain, sera interdit d'accès du 19 au 23 décembre, a annoncé vendredi 16 novembre le préfet de l'Aude, Eric Freysselinard, à Carcassonne. Les théories, fondées sur une interprétation du calendrier maya, font en effet du pic de Bugarach un des endroits sur le globe où se réfugier pour échapper à la fin du monde le 21 décembre.
"A moins de 50 jours de la fin du monde, le maire de Bugarach tire la sonnette d’alarme"La Croix rappelle que le phénomène a commencé en novembre 2010.
"Le maire de la commune est alerté par un ami de voyages organisés par des agences américaines pour se rendre à Bugarach le 21 décembre 2012, et en informe le conseil municipal. Un journaliste du quotidien local, L’Indépendant
, fait une pleine page le lendemain sur le sujet."Le pic, avec ses 1 231 mètres et son impressionnant profil évoquant une piste de lancement ou d'atterrissage, se prête à de telles théories, dans des Pyrénées cathares qui fourmillent elles-mêmes de légendes sur les Wisigoths, les Templiers ou les trésors cachés. Le pic, ou
pech, de Bugarach serait pour certains un garage abritant le vaisseau qui emmènerait les privilégiés préservés de la fin du monde. Bugarach a rapidement été mis sous surveillance par la Miviludes, l'organisme chargé d'observer et d'analyser le phénomène des mouvements à caractère sectaire.
L'éventualité d'une affluence de mystiques, mais aussi de curieux, a ainsi poussé les autorités, non seulement à interdire les accès au mont lui-même, mais à boucler préventivement tout le secteur autour du 21 décembre. Une centaine de policiers et de pompiers contrôleront les accès au village de 200 âmes niché au pied de la montagne, dont la tranquillité a été passablement perturbée par sa récente notoriété. Il s'agira d'un
"dispositif de liberté encadrée", précise le préfet. Si les visiteurs se pressaient trop nombreux, l'accès au village ne serait plus filtré mais bloqué lui aussi.
Par ailleurs, des spéléologues assureront la surveillance, en liaison avec la gendarmerie, des cavités autour du pic. Un poste de commandement opérationnel pour
"la coordination de l'ensemble des moyens" mobilisés sera déployé sur le site du 19 au 23 décembre. Rave-parties et apéros géants seront prohibés. Une interdiction de survol du pic est également à l'étude.
Le préfet envisage surtout la possibilité d'un afflux important de journalistes en quête d'insolite :
"Nous attendons quelques illuminés, quelques personnes qui croient à cette fin du monde, mais en nombre extrêmement limité. Nous attendons plutôt des curieux dans des quantités impossibles à déterminer et surtout beaucoup de journalistes."Ainsi, c'est plus pour assurer la sécurité des personnes sur un terrain escarpé que pour prévenir le mouvement d'une foule inspirée qu'un dispositif de sécurité est mis en place. Les autorités surveillent quand même Internet. Cette surveillance n'a révélé jusqu'alors aucun risque d'afflux, aucune manipulation par une secte quelconque ni aucun appel au suicide collectif.
Le pic de Bugarach (en arrière plan). Ce promontoire qui culmine à 1230 mètres alimente tous les fantasmes.Crédits photo : Abaca/Blondeau Manuel/ABACACette petite commune de l'Aude est mondialement connue pour être le seul lieu qui échappera à la fin du monde prévue le 21 décembre.
Bugarach, le village où l'on ne mourra pas, selon les prédictions qui font rage depuis des mois sur le Net, mais Bugarach où l'on ne vit plus déjà! Depuis que cette petite commune de l'Aude est mondialement connue pour être le seul lieu qui échappera à l'apocalypse du 21 décembre 2012, ses rues ne désemplissent pas. «On est assailli. On n'en peut plus», se lamente un élu. En cette saison estivale, d'ailleurs, la fréquentation explose. «On n'a jamais fait une pareille saison», admet le maire, Jean-Pierre Delord.
Avec leurs appareils photo, les touristes multiplient les clichés de ce qui fait la réputation du village: le pic de Bugarach. Ce promontoire qui culmine à 1230 mètres alimente tous les fantasmes. Il abriterait un garage à extraterrestres, ses pierres auraient des pouvoirs magiques… Les badauds prennent aussi les 200 habitants en photo.
«On est ici comme au zoo. On vient nous voir. On est devenu l'attraction de la région», raconte le maire. Surtout, les curieux sont à la recherche des sectes, des illuminés de tout poil que l'on dit aujourd'hui nombreux à s'être installés à Bugarach. D'ailleurs, chacun y va de son histoire. L'un évoque ces marcheurs armés de pendules pour se connecter aux ondes vibratoires, un autre raconte ce cortège d'individus vêtus de toge partis dans les bois communier avec l'au-delà…
En parallèle de ce remue-ménage inhabituel dans les rues, le maire monte la garde, prêt à stopper toutes les dérives. Il a ainsi déjà déposé plainte pour dégradation. «On abîmait la montagne à force d'y prendre tous les cailloux», dit-il. Par le biais d'un site, un petit malin avait trouvé le bon filon: vendre à 1,50 euro le gramme ces pierres soi-disant magiques livrées avec leur certificat d'authenticité.
Vente de prièresDernière prouesse connue: un habitant de Béziers propose sur la Toile qu'on lui adresse son testament qui sera ensuite stocké à Bugarach. L'humanité périra, mais resteront donc ces lettres, ultimes témoignages de notre civilisation décimée! Coût du stockage: 5 euros. «Cet habitant de Béziers est venu nous voir à la recherche d'un lieu pour entreposer le courrier. En échange, il nous propose 20% des bénéfices», relate le maire qui lui a adressé une fin de non-recevoir. D'autres encore sur la Toile, proposent de vendre des prières réalisées au pied du pic. Coût du recueillement: 60 euros!
Même si l'assaut touristique épuise et agace les gens du coin, les commerçants, tout de même, ne doivent pas trop se plaindre, avoue le maire. Les maisons d'hôtes sont complètes, les cartes postales se vendent comme des petits pains. Le prix des terrains s'est aussi au passage littéralement envolé. Jusqu'au 21 décembre prochain au moins, Bugarach restera à la mode. Après, le pic redeviendra sans doute une simple petite montagne, près de son village.