Autriche: un document montre que Josef Fritzl était connu de la police depuis 1967
Cinq jours après la découverte du drame d'Amstetten, où Josef Fritzl, un homme de 73 ans a séquestré et violé pendant près d'un quart de siècle sa fille dans sa cave, l'Autriche s'interrogeait vendredi sur un durcissement de sa législation pour empêcher de nouveaux crimes de ce type.
La ministre de la Justice, Maria Berger, sociale-démocrate, a proposé vendredi de doubler, au maximum à 30 ans, le délai pendant lequel les crimes et délits sexuels resteront inscrits au casier judiciaire des personnes jugées dangereuses.
Les crimes et délits sexuels sont actuellement effacés du casier judiciaire au bout de dix à quinze ans, selon les cas.
De son côté, l'opposition d'extrême droite a immédiatement réclamé une "inscription à vie" de tous les crimes et délits sexuels dans les casiers judiciaires.
La polémique a été soulevée par l'opinion publique et la presse, y compris de nombreux médias étrangers, parce que Josef Fritzl a pu obtenir le droit de garde de trois des sept enfants issus des relations incestueuses imposées à sa fille qu'il avait déclarée comme disparue au sein d'une secte.
Les services sociaux locaux ont nié toute négligence en affirmant que son casier judiciaire ne portait trace d'aucune condamnation au moment de sa première demande d'adoption en 1993.
Or, selon un rapport de police de 1967 retrouvé vendredi par un journal régional dans les archives de la direction de la police de Haute-Autriche, il avait été condamné pour viol et tentative de viol cette année-là.
Selon ce document, Fritzl avait violé une femme de 24 ans en la menaçant d'un couteau à son domicile à Linz (est) dans lequel il avait pénétré par la fenêtre. Il avait également tenté de violer une autre jeune femme de 21 ans dans un bois près de la même ville.
Le parquet de Sankt-Pölten, chargé de l'affaire, n'a pas voulu prendre position sur ce rapport qu'il n'avait pas encore examiné.
Josef Fritzl, en détention provisoire depuis mardi à Sankt-Pölten, risque entre 15 ans de prison pour viols et la prison à vie pour homicide par négligence s'il est prouvé qu'il a laissé mourir un bébé de sa fille en 1996 peu après la naissance faute de soins.
Le père incestueux avait avoué lundi avoir brûlé le corps de l'enfant.
Face à l'horreur de ce drame, des voix se sont élevées en faveur d'un durcissement des peines plafonnées actuellement à 15 ans pour les délits sexuels non mortels et à 10 ans pour la séquestration.
Mais la ministre de la Justice a écarté cette hypothèse. "Le cadre actuel prévoit des peines jusqu'à 15 ans et en cas de mort jusqu'à la prison à vie", a-t-elle souligné.
"15 ans pour avoir détruit des vies humaines c'est totalement inacceptable" s'est insurgé Harald Vilimsky, un expert du parti d'extrême droite FPÖ.
L'avocat de Josef Fritzl, Rudolf Mayer, a accusé dans le journal Kurier les médias et la police d'avoir "déjà condamné son client".
Par ailleurs, plus de la moitié des Autrichiens (54%) ont dit n'avoir pas une grande confiance dans les administrations de leur pays selon un sondage réalisé entre le 30 avril et le 2 mai, après la révélation du drame d'Amstetten, par l'institut Humaninstitut de Klagenfurt (sud).
Mais dans un élan d'autocritique, 61% des Autrichiens ont aussi reconnu leur manque de civisme en général.
Sur place à Amstetten, les experts poursuivaient vendredi l'examen du local aménagé par Josef Fritzl dans un abri anti-atomique où étaient séquestrés sa fille et trois de ses enfants.
Ils devaient observer régulièrement des pauses à l'air libre car ils "étouffent" dans cette cave exiguë de 60 m2 et de 1,70 m sous plafond, selon le responsable des enquêteurs.