La Sécu fait marche arrière après le tollé sur les maladies longue durée
Après des critiques de toutes parts, le directeur de l'assurance maladie a finalement retiré de son plan d'économies ses
propositions d'une moindre prise en charge des affections de longue durée (ALD), tandis que le gouvernement tente d'enrayer la polémique.
Photographe : : Jean-Pierre Muller AFP/Archives
Une personne présente sa carte vitale et une feuille de soins dans une antenne de la Caisse d'assurance maladie à Paris
Le directeur de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), Frédéric van Roekeghem, avait présenté mardi dans les Echos un plan, dont un volet sur les ALD (cancer, diabète, sida, etc) a suscité l'indignation des syndicats, associations, médecins et politiques, y compris de la majorité.
Un dernier coup de boutoir l'a contraint jeudi à faire marche arrière: le conseil de l'assurance maladie, instance politique de l'institution, composée notamment de partenaires sociaux et des
mutuelles, a demandé "à l'unanimité des ses membres" le retrait des propositions sur les ALD.
Le conseil, qui doit se prononcer le 3 juillet sur l'intégralité du
plan, a déploré avoir été informé par la presse sur un sujet aussi
sensible et réclamé "un débat de fond" au directeur de la Cnam, nommé par le gouvernement.
M. van Roekeghem a donc décidé de "retirer les mesures concernant les ALD de ses propositions", a indiqué vendredi la Cnam, confirmant une information de la Tribune.
Le remboursement par la Sécu des médicaments à vignette bleue ("dont le service médical n'a pas été reconnu comme majeur") de 100% à 35%, comme c'est déjà le cas pour les autres assurés. Les 65% restants auraient été pris en charge par les complémentaires santé, lesquelles ont d'ailleurs toutes dénoncé cet éventuel transfert.
Actuellement, les près de 8 millions de patients en ALD bénéficient
d'une prise en charge à 100% par la Sécu pour toutes les dépenses liées à leur pathologie.
Le plan recommandait également une révision du dispositif pour en
"réserver le bénéfice aux pathologies qui sont véritablement longues et coûteuses".
Ces mesures, qui devaient représenter une économie de 250 millions d'euros, s'inscrivaient dans un ensemble de propositions représentant 3 milliards d'économie en 2009, alors qu'en 2008 le déficit de l'assurance maladie est prévu à 4,1 mds d'euros.
Le gouvernement, qui pourra piocher à sa guise dans ces suggestions pour préparer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2009, devrait se prononcer à la mi-juillet. Mais il a tenté d'éteindre la polémique sans attendre.
"Il n'est pas question de revenir sur la prise en charge à 100% des malades atteints d'ALD, que ce soit pour les traitements qui sont le coeur de cible de la maladie, ou pour les médicaments appelés indûment de confort", a déclaré jeudi la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, s'est lui félicité vendredi du retrait par la direction de la Cnam des propositions sur les ALD.
Il n'en demeure pas moins que la réforme des ALD, qui concentrent plus de 60% des dépenses de l'assurance maladie et qui vont peser encore davantage avec le vieillissement de la population, est dans les tuyaux du gouvernement.
Mme Bachelot avait indiqué en mars réfléchir à "des mesures de régulation des dépenses" dans ce secteur.
Nicolas Sarkozy avait été plus direct en septembre dernier,
déplorant des dépenses qui "dérapent chaque année de manière
parfaitement incontrôlée".
"Concernant les affections de longue durée, je souhaite que nous
concentrions nos efforts sur la prise en charge de ce qui est essentiel", avait-il ajouté.
Source : Actualités - Orange