Une grande partie du trafic aérien dans le nord de l'Europe était cloué au sol jeudi à cause des cendres dispersées par les vents d'un volcan d'Islande en pleine éruption. Les gigantesques colonnes de fumée continuaient à s'échapper jeudi du glacier Eyjafjallajokull, dans le sud de l'Islande, dont l'éruption pourrait se prolonger plusieurs semaines, voire plusieurs mois, selon un expert islandais.
A l'approche des nuages de cendres venus d'Islande, une grande partie des vols au Royaume-Uni, en Norvège et dans le nord de la Suède ont été annulés, entraînant notamment la fermeture de l'aéroport londonien d'Heathrow, le plus important au monde en terme de trafic, et ses voisins Gatwick, Stansted et Luton.
L'ensemble des aéroports en Ecosse, dont ceux d'Aberdeen, d'Edimbourg et de Glasgow, ainsi que ceux de Belfast, en Irlande du Nord ont été fermés. Le trafic était par ailleurs sévèrement réduit aux plateformes du nord de l'Angleterre (Manchester, Liverpool et Newcastle) ainsi que dans le centre (Birmingham).
"On ne peut pas dire combien de temps (l'éruption) va durer. C'est extrêmement variable, cela peut aller de plusieurs jours à plus d'un an. Mais si l'on en juge par l'intensité de celui-ci, cela pourrait durer longtemps", a expliqué à l'AFP Magnus Tumi Gudmunsson, un professeur islandais de géophysique.
En Norvège, où les premiers vols avaient été suspendus dès mercredi soir, l'ensemble du trafic aérien a été interrompu jeudi matin, y compris à Oslo et dans les autres grandes villes, Trondheim et Bergen.
En Suède, le trafic a été interrompu dans la pointe nord du pays, mais les autorités envisagent de fermer d'autres aéroports du centre et des perturbations sont à prévoir ailleurs, notamment à Stockholm, selon un porte-parole de l'autorité suédoise chargée du trafic aérien. Outre le risque de manque de visibilité, "le danger vient principalement du fait que les cendres en suspension peuvent endommager les réacteurs", a expliqué Björn Stenberg, constatant que "la situation ne s'améliore pas, hélas".
Selon le service britannique de contrôle aérien de l'Air Traffic Control Service (NATS), le nuage de cendres doit atteindre le ciel du Royaume-Uni ce jeudi. Un expert des services métérologiques britanniques a expliqué que le nuage se dirigeait vers le sud, ce qui devrait l'amener au-dessus de l'Ecosse, du Danemark et de la Norvège. "Mais il est impossible de dire jusqu'où il ira au sud", a-t-il précisé, ajoutant qu'il "pourrait menacer ces régions jusqu'à jeudi ou vendredi".
Le Danemark a également fermé son espace aérien près de la mer du Nord, dans l'ouest du pays et se tenait prêt à suspendre le trafic dans tout le pays. Le nord de la Finlande est également touché. Le trafic était également perturbé, mais dans une moindre mesure, à Dublin, en Irlande.
Chanceusement épargné grâce aux vents dominants venant de l'ouest, l'aéroport de Reykjavik restait lui ouvert et aucune perturbation n'était à rapporter, selon un porte-parole. L'éruption souterraine, tôt mercredi matin, d'un volcan au sommet du glacier Eyjafjallajokull, dans le sud de l'Islande, avait entraîné d'importantes inondations en raison de la fonte brutale des glaces, ainsi que l'évacuation de quelque 800 personnes.
Un volcan dans la même zone était entré en éruption le mois dernier, offrant un spectacle grandiose de lave en fusion, mais cette fois-ci, le danger est beaucoup plus grand. "Cette éruption est beaucoup plus puissante. Elle dure désormais depuis plus de 24 heures et c'est une éruption explosive", a souligné Magnus Gudmunsson. (afp)