Illustration du HMS Investigator datant de 1851.
Le Canada a annoncé mercredi la découverte de l'épave d'un navire britannique disparu il y a 157 ans dans l'Arctique et qui a joué un rôle majeur dans l'histoire de l'exploration de cette région au 19e siècle. Il s'agit de l'épave du HMS Investigator, navire envoyé dans la région par Londres en 1850 pour tenter de retrouver l'équipage de l'explorateur Sir John Franklin, disparu quelques années auparavant dans cette même région et qui n'a jamais été retrouvé.
L'épave de l'Investigator a été repérée dimanche à l'aide d'un sonar, à peine 15 minutes après le début des recherches, a déclaré à la presse un responsable du service des parcs nationaux canadiens, Marc-André Bernier.
L'épave gît par 11 mètres de profondeur dans une baie de l'île Banks, à l'ouest de l'archipel arctique, "très près" de l'endroit où le navire avait été abandonné par l'équipage en 1853, après trois hivers coincé dans la glace, a ajouté M. Bernier, responsable de l'archéologie sous-marine au service des parcs.
"C'est vraiment un drame humain, une histoire de survie incroyable, où on peut s'imaginer les espoirs et le désespoir de cet équipage qui était prêt, en fait, à partir à pied vers le sud lorsqu'il a été secouru par (un autre navire britannique) le HMS Resolute", a dit M. Bernier lors d'une conférence téléphonique depuis le site de la découverte, à "Mercy Bay", au nord de l'île Banks, juste au sud du 75e degré de latitude nord.
"Ce navire a été le premier à naviguer la dernière portion du passage du Nord-Ouest", voie maritime recherchée depuis des siècles pour relier l'Atlantique au Pacifique par le nord, a-t-il indiqué. "Ce faisant, (le capitaine) Robert McClure et son équipage ont été crédités de la découverte de ce passage".
Le ministre canadien de l'Environnement, Jim Prentice, qui s'est également déplacé sur le site, a déclaré que la découverte de l'Investigator était "importante" pour affirmer la souveraineté canadienne sur ce passage que les Etats-Unis et l'Union européenne contestent, considérant qu'il s'agit plutôt d'eaux internationales. Sur les rives de l'île Banks, les archéologues canadiens ont également découvert les restes d'un camp de fortune érigé par la soixantaine de membres de l'équipage de l'Investigator, ainsi que des caches, où ils avaient stocké une grande quantité de nourriture et de matériel provenant du navire. Ils ont également découvert les sépultures de trois des marins britanniques, qui ont péri du scorbut en avril 1853. Londres a été informé de cette découverte, a indiqué M. Bernier.
Les autorités canadiennes ne prévoient pas pour l'instant de renflouer l'épave, qui est en très bon état, préférant plutôt préserver le site intact. Un robot doit tenter dans les prochains jours de prendre des photos et de tourner une vidéo sur le site, si les conditions de glace le permettent. C'est aussi sur ce site qu'auraient eu lieu "les tout premiers contacts" entre les Européens et les Inuits, contacts qui ont eu un impact culturel durable sur ces premiers habitants de l'Arctique.
Après le départ de l'équipage de l'Investigator, les Inuits ont continué pendant plus d'une génération à venir sur le site pour y récupérer notamment du fer et du cuivre, a expliqué M. Bernier. "C'est un navire qui témoigne du contact entre les gens qui étaient déjà ici et les Européens qui arrivaient. On est dans les tout premiers contacts, donc cela a une importance considérable", a dit M. Bernier. "C'est comme trouver un navire de (Christophe) Colomb dans l'Arctique", a-t-il résumé. (afp)