Qu'absorbe un trou noir? Comment se créent des flux de matières observés à proximité ? Une équipe internationale d'astronomes qui a ausculté les abords d'un des plus brillants trous noirs supermassifs connus publie jeudi de premiers résultats. Situé à 500 millions d'années lumière de la Terre, au coeur de la galaxie Markarian 509, ce monstre est 300 millions de fois plus massif que le Soleil et il continue de grossir chaque jour, souligne l'Agence spatiale européenne (Esa).
Grâce à cinq télescopes spatiaux, dont XMM-Newton et Integral de l'Esa, l'environnement immédiat d'un trou noir supermassif perd un peu de son mystère. Les poussières et gaz chutant vers un trou noir forment généralement un disque, en rotation autour de celui-ci.
Avant d'être avalés, ils spiralent à grande vitesse autour de ce glouton, émettant un puissant rayonnement. Le trou noir n'absorbe pas toute la matière qui l'entoure. L'énergie du rayonnement émis est si forte qu'une partie des gaz sont éjectés au loin à grande vitesse.
Les gigantesques bulles de gaz s'échappant de l'environnement du trou noir central de la galaxie Markarian 509 filent dans l'espace à une vitesse de plusieurs millions de kilomètres à l'heure. Ces vents expulsés du coeur de la galaxie ont des températures s'échelonnant entre 20.000 et 1 million de degrés, selon leurs différentes composantes, précise le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
A leur surprise, les astronomes ont constaté que la majorité des gaz présents dans ces vents proviennent de régions situées à 15 années-lumière (1 année-lumière = 9.460 milliards de km) environ du trou noir central. Le réservoir de poussières et de gaz alimentant le trou noir serait donc bien plus éloigné que ne le pensaient jusqu'alors les astronomes.
Au dessus du disque de matière entourant le supermassif trou noir, les astronomes ont aussi découvert une couronne de gaz très chauds: une dizaine de millions de degrés. La présence de cette couronne de gaz permet, selon eux, de mieux comprendre le rayonnement émis et les observations concernant d'autres galaxies à trou noir supermassif. Ces résultats sont publiés dans la revue scientifique Astronomy & Astrophysics (afp)