Des faits qualifiés d’agression sexuelle reconnus mais prescrits© afp
Le Procureur reconnaît le délit d'agression sexuel. La plainte est cependant classée sans suite.Dominique Strauss-Kahn à la sortie de la confrontation avec Tristane Banon, le 29 septembre dernier.© ap
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La décision du parquet intervient le jour même de la sortie du livre de Tristane Banon, "Le bal des hypocrites".© afp
David Koubbi, l'avocat de Tristane Banon, n'a pas tardé à réagir.© ap
Le parquet de Paris a classé sans suite la plainte pour "tentative de viol" de Tristane Banon contre Dominique Strauss-Kahn, estimant toutefois que des faits qualifiés d'agression sexuelle étaient "reconnus" mais prescrits, selon un communiqué publié jeudi. L'avocat de Tristane Banon n'a pas tardé à réagir.
Plainte au civilLa romancière avait prévenu que si le parquet prenait une décision de classement, elle déposerait immédiatement plainte avec constitution de partie civile, ce qui entraîne automatiquement la désignation d'un juge d'instruction. "Le parquet de Paris a procédé au classement sans suite de la procédure diligentée à la suite de la plainte déposée par Madame Tristane Banon à l'encontre de Monsieur Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol", indique le communiqué du parquet.
A l'issue de l'enquête, "il ressort que si faute d'éléments de preuve suffisants, les poursuites ne peuvent être engagées du chef de tentative de viol, des faits pouvant être qualifiés d'agression sexuelle sont quant à eux reconnus", poursuit le communiqué. "Néanmoins, commis en 2003 et n'ayant été révélés qu'en juillet 2011 ces faits ne peuvent être poursuivis, l'action publique étant éteinte en application de la prescription triennale en matière délictuelle", explique le parquet.
DSK a reconnu des "avances"Lors de son audition, le 12 septembre, par la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), l'ex-directeur général du FMI avait concédé avoir fait "des avances" à la jeune femme, selon une source proche de l'enquête. Dominique Strauss-Kahn a toutefois toujours réfuté s'être rendu coupable de violence lors de sa rencontre avec Tristane Banon dans un appartement parisien. Il avait même qualifié d'"imaginaire" la scène racontée à plusieurs reprises par l'écrivaine.
Connotation sexuelleDe son côté, David Koubbi, l'avocat de Tristane Banon, n'a pas tardé à réagir. Ce dernier, au travers d'un communiqué relayé par Rue89, a qualifié de regrettable le refus du parquet d'entendre d'autres victimes présumées de DSK. Reprenant l'avis du parquet auquel la presse n'a pas eu accès, Koubbi révèle qu'une agression sexuelle a bien été commise, comme le souligne le procureur dans son communiqué. "Il apparaît en revanche que, s'agissant des faits reconnus par leur auteur, dont la connotation sexuelle n'est pas discutable, ceux-ci ne peuvent s'analyser autrement qu'en délit d'agression sexuelle". Ce qui fait dire au défenseur de Tristane Banon que "très explicitement, le parquet indique donc que Monsieur Dominique Strauss-Kahn aurait dû être jugé pour ce qu'il a commis. Il devra donc se satisfaire d'un statut "d'agresseur sexuel non jugé".
La décision du parquet intervient le jour même de la sortie d'un ouvrage de Tristane Banon, "Le bal des hypocrites" (Ed. Au Diable Vauvert), une autofiction dans laquelle elle livre sa version des faits sans jamais citer le nom de DSK. L'ancien patron du FMI reste l'objet d'une procédure au civil aux Etats-Unis, intentée par une femme de chambre qui l'accuse de l'avoir violée en mai dans un hôtel de Manhattan. Les poursuites pénales ont en revanche été abandonnées fin août par la justice américaine qui a jugé la plaignante insuffisamment crédible. (LS, avec afp)