Un médecin a mis en ligne une pétition pour que les blouses médicales respectent l'intimité des patients. La ministre de la Santé dit prendre le sujet au sérieux
Plus de 7 000 personnes ont déjà signé la pétition pour avoir des chemises d'hôpital qui respectent l'intimité des patients. (Photo Thierry David)C'est l'une des images du quotidien hospitalier : un patient dans un couloir se promenant avec sa perfusion simplement vêtu d'une blouse médicale. Cet uniforme qui se porte à même la peau et se noue dans le dos à l'aide de deux ou trois boutons-pressions a surtout le « bon » goût de vous laisser les… fesses à l'air.
Si le tableau est tant connu qu'il peut prêter à sourire, il n'en fait pas moins l'objet d'un vif débat sur les réseaux sociaux. Le 31 juillet, un jeune médecin a en effet mis en ligne une pétition sur le sujet. Cette démarche ne veut pas tant faire la chasse à ces postérieurs ouverts aux quatre vents et à la vue de tous que poser la question de l'usage de ces blouses si gratuitement sujettes aux courants d'air.
La place du patient
De ce médecin, on ne connaît que le pseudo : Farfadoc. Pression de l'Ordre oblige, elle préfère rester anonyme. On la contacte par mail et elle rappelle avec un numéro masqué. « Je suis généraliste et installée en cabinet. » Âgée de 31 ans, on sait seulement qu'elle exerce dans le nord-ouest de la France. Sur sa pétition, en revanche, elle se montre plus bavarde : « Quand on évoque la place du patient à l'hôpital, on parle de dignité, de droit des malades… Et quand on confronte ce discours à la réalité, on se rend compte qu'il y a quand même un décalage. »
Un hiatus qui peut vite devenir gênant, voire paralysant : « Quand on est coincé au fond de son lit dans une chambre double, certes, ce n'est peut-être pas le plus important, mais quand on peut se lever, on montre donc ses fesses à son voisin. Ce n'est pas très agréable. Sans compter qu'on ne peut pas toujours fermer soi-même ce genre de blouse. »
Si les exemples de ce type sont légion, pas question cependant de crier au scandale. Elle reconnaît même quelques qualités à ces chemises médicales : « Comme c'est une taille unique, au niveau de la gestion des stocks, c'est plus simple, c'est pratique à nettoyer, ce n'est pas trop cher, et pour les services d'urgence, il faut aussi quelque chose qui peut s'enlever rapidement. » Des atouts insuffisants néanmoins pour l'imposer à tous.
« Ça joue sur la confiance »
« Enfiler cette blouse, c'est vraiment passer du statut de personne à celui de malade, c'est un peu une étiquette. En gériatrie, j'ai vu des patients ne pas vouloir se lever. Au final, ça joue sur la confiance, sur la guérison, même si ce n'est pas aussi capital que les soins. » Pour Farfadoc, donc, la prise en charge prime, mais ce n'est pas une raison pour s'asseoir sur un minimum d'intimité. Et donc de dignité. C'est précisément ce qui a poussé une jeune kiné d'Île-de-France à raconter sur son blog (2), dans un billet titré « La dignité, mes fesses ! », le quotidien d'une octogénaire contrainte de montrer ses parties intimes. « La nudité ne me gêne pas, j'y suis habituée, ce n'est pas le problème, indique-t-elle à l'abri de son pseudo Leyla_MK. Mais cette dame s'est sentie obligée de s'excuser d'être nue. C'était trop. » Ce récit a incité Farfadoc à prendre le relais et à lancer cette pétition intitulée : « Pour des chemises d'hôpital qui respectent la pudeur et la dignité des patients. »
Toutefois, si Farfadoc et Leya_MK reconnaissent volontiers qu'elles ne cherchaient qu'à susciter le débat chez les internautes, l'affaire est remontée jusqu'à la ministre de la Santé. Alors que plus de 7 000 personnes ont déjà signé cette pétition, Marisol Touraine a assuré jeudi que « si cette question est perçue comme secondaire par certains, elle ne l'est pas à [s]es yeux », ajoutant qu'elle avait « saisi les services du ministère, afin qu'ils [lui] fassent des propositions au retour des congés d'été ».
Est-ce à dire que de nouvelles blouses pourraient voir le jour ? Sachant que l'on trouve déjà, selon les services, quelques modèles alternatifs avec un boutonnage sur le côté, cette petite révolution textile n'est pas insurmontable. Une certitude, dans un univers hospitalier où même les actes les plus anodins sont minutés, cette éventuelle fermeture des chemises promet d'ores et déjà de joyeuses discussions. En attendant, Farfadoc et Leya_MK ne sont pas loin d'avoir décroché la lune…
Source : http://www.sudouest.fr/2012/08/12/stop-aux-fesses-a-l-air-792745-7.php
Je signe la pétition !!!!