Les autorités américaines envisagent d'autoriser pour la première fois à la vente une variété de saumons génétiquement modifiée, au grand dam de certains qui y verraient, si ce saumon arrivait dans les supermarchés, la porte ouverte à toute sorte d'abus.
L'Agence américaine de régulation des médicaments et de l'alimentation (FDA) a prévu de se pencher sur cette nouvelle espèce de saumons lors d'une audition les 19 et 20 septembre. Les régulateurs américains devront dire s'ils autorisent à la production et à la vente une variété de saumon de l'Atlantique auquel a été inoculé un gène de croissance d'hormones importé du saumon royal, une autre variété de ce poisson dont les Américains sont très friands.
Maturation plus rapide
Si la FDA donnait son feu vert, ce serait la première fois qu'un animal génétiquement modifié se retrouverait au rayon alimentation des grandes surfaces aux Etats-Unis. La société américaine à l'origine de ce projet, AquaBounty Technologies, fait valoir que la modification génétique du saumon lui permet d'arriver à maturation deux fois plus vite que le saumon sauvage.
Pour le reste, le poisson, répondant au nom d'AquAdvantage, "est identique au saumon de l'Atlantique". AquaBounty assure qu'élever et mettre en vente son saumon permettrait de répondre à une demande croissante, tout en soulageant quelque peu la population de saumons sauvages.
"Je pense que cette technologie peut aider à soutenir une chaîne alimentaire sûre et pérenne", a expliqué Ron Stotish, le directeur général d'AquaBounty Technologies, dont le siège se trouve dans le Massachusetts (nord-est des Etats-Unis). Les groupes de défense de l'environnement et les anti-OGM ne l'entendent pas de cette oreille.
Dangers multiples
Selon eux, l'AquAdvantage mettrait non seulement en péril ses congénères sauvages, il ouvrirait également la porte à la production et à la vente d'autres espèces au patrimoine génétiquement modifié. Ils craignent que si certains réussissaient à s'échapper de leur élevage pour prendre le large et frayer avec des saumons sauvages, les conséquences sur l'écosystème seraient imprévisibles.
Et rien ne prouve que consommer de l'AquAdvantage "soit sûr pour les humains", plaide Jaydee Hanson, du Centre pour la sécurité alimentaire. Plus généralement, analyse Jonathan Rosenfield, président de la fondation SalmonAID, "nous savons tous que l'appétit pour le saumon est grand, mais la solution n'est pas d'élever des variétés génétiquement modifiées pour en avoir plus. La solution est de travailler à raviver les populations de saumons sauvages".
En tout, 31 groupes ont exhorté la FDA à rejeter la demande formulée par AquaBounty Technologies. Pour se défendre, la firme assure avoir pris des mesures "d'une ampleur inédite pour s'assurer que le poisson n'aura aucun contact avec les populations sauvages", notamment en élevant une espèce dont les femelles sont stériles, et uniquement dans des bassins installés sur la terre ferme.
Dans une première évaluation des risques qu'implique la production de cette nouvelle espèce, la FDA a jugé que la probabilité que les poissons s'échappent est "extrêmement faible". Si ses experts approuvent la requête d'AquaBounty Technologies, ils devront ensuite dire s'il y a lieu de prévenir les consommateurs que le saumon qu'ils s'apprêtent à acheter est génétiquement modifié à l'aide d'une étiquette. (afp)