Eurotunnel fête les 20 ans du tunnel sous la Manche et voit l'avenir en rose

© AFP/Archives - Denis Charlet
Eurotunnel, l'opérateur du tunnel sous la Manche, a célébré mercredi les 20 ans de cet ouvrage en invitant à Coquelles (Pas-de-Calais) les deux ouvriers français et britannique dont la poignée de mains à 100 mètres sous la mer est restée dans les mémoires.Le patron d'Eurotunnel a exprimé son optimisme pour l'avenir du groupe qui détient la concession du tunnel jusqu'en 2086, et qu'il voit "au coeur du réseau (ferré) à grande vitesse européen" en cours de libéralisation.Le "bonjour" et le "welcome" échangés dans le tunnel le 1er décembre 1990 par Philippe Cozette et Graham Robert Fagg, tirés au sort parmi 10.000 ouvriers du chantier, marquait l'achèvement de la galerie de service du tunnel entre la France et l'Angleterre. L'image de leur poignée de main avait fait le tour du monde.Le PDG d'Eurotunnel, Jacques Gounon, a salué mercredi "l'ouvrage le plus exceptionnel du XXe siècle", qui aura nécessité cinq ans et demi de travaux.Très souriants, M. Cozette et M. Fagg, qui ne s'étaient pas revus depuis dix ans, se sont de nouveau serré la main pour les médias.Le tunnel de 50,5 km de long, dont 35 km sous la mer, inauguré en mai 1994 par la reine Elizabeth et le président François Mitterrand, est devenu le tronçon ferroviaire le plus fréquenté au monde. Environ 300 trains y circulent chaque jour.Rude concurrent pour les compagnies de ferries, Eurotunnel détient 40% de parts de marché pour l'acheminement transmanche des voitures. La traversée sur les navettes s'effectue en 35 minutes alors que les trains Eurostar (filiale à 55% de la SNCF) relient Paris et Londres en 2H15.Exploit technologique, le tunnel sous la Manche est pourtant resté dans les mémoires comme l'un des grands fiascos financiers du siècle dernier.Plombée par des prévisions initiales de fréquentation extravagantes et une dette astronomique, liée à l'explosion du coût de l'infrastructure (15 milliards d'euros), l'action Eurotunnel s'était durablement effondrée après son lancement en 1987.Quinze ans plus tard, les centaines de milliers de petits actionnaires avaient perdu la quasi-totalité de leur mise.Depuis sa restructuration financière au printemps 2006, qui a réduit la dette de plus de moitié (de 9 à 4,24 milliards d'euros) au détriment des créanciers, la page des années noires est "complètement tournée", selon le PDG Jacques Gounon, arrivé en 2005.Après deux exercices bénéficiaires ayant permis pour la première fois le versement de dividendes, M. Gounon a souligné son intention d'en verser encore cette année. Ceci malgré un résultat net attendu dans le rouge en raison des délais d'indemnisation des assureurs après l'incendie de septembre 2008 qui avait limité la capacité du tunnel pendant cinq mois.Il a souligné que l'ouverture attendue du tunnel sous la Manche à d'autres opérateurs qu'Eurostar, actuellement en situation de monopole, allait doper la rentabilité.La Deutsche Bahn, qui a récemment testé un de ses trains dans le tunnel, espère transporter 3 millions de passagers par an sur les liaisons Londres-Bruxelles-Amsterdam et Londres-Bruxelles-Francfort."Ramenés aux 10 millions de passagers actuels d'Eurostar qui s'arrêtent à Bruxelles, cela représente une augmentation de 30% du trafic international et une augmentation de notre profitabilité tout à fait considérable", a souligné M. Gounon.
Source : http://www.ariegenews.com
auteur: Daniel ARONSSOHN | publié le: 01/12/2010