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La justice française a ouvert vendredi une enquête sur la mort du grand reporter de France 2 Gilles Jacquier en Syrie, son employeur France Télévisions s'interrogeant sur les éléments "troublants" entourant les circonstances de son décès. © afp
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Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour homicide volontaire et l'autopsie devait être effectuée dans la journée de vendredi à Paris, a-t-on appris de source judiciaire. On ignorait vendredi soir quand les résultats de ces examens seront connus. L'enquête préliminaire a été confiée à l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP).
"Il y a des choses toublantes"Peu avant, France Télévisions avait indiqué avoir saisi le procureur de la République de Paris afin de faire "toute la lumière" sur cette affaire. "Nos confrères étaient sur place avec toutes les autorisations, des visas officiels et normalement une protection qui, brusquement, s'est retirée au moment des frappes. Il y a donc là des questions que nous nous posons", a indiqué le président de France Télévisions Rémy Pflimlin. "Il y a des choses troublantes", a affirmé à l'AFP le directeur de l'information de France Télévisions Thierry Thuillier, de retour de Syrie où il est allé chercher le corps de Gilles Jacquier, rapatrié dans la nuit de jeudi à vendredi.
L'escort militaire a disparuLe journaliste a été tué mercredi à Homs, dans le centre de la Syrie, lors de la chute d'un obus sur un groupe de reporters, en voyage autorisé par les autorités. "Par exemple, pourquoi, alors que ce convoi de journalistes est escorté militairement, pourquoi d'un seul coup les militaires disparaissent de la circulation au moment des premiers tirs?", s'est interrogé Thierry Thuillier.
Par ailleurs, alors que l'équipe de France 2 se trouvait au milieu d'une "foule de manifestants favorables au régime", ceux-ci "ont carrément guidé les journalistes à chaque fois vers les lieux d'impact", a-t-il dit. "Pourquoi tout ceci s'est passé comme cela ?, "a-t-il souligné, s'interrogeant également sur la présence de "la télé syrienne sur place déjà avant même qu'ils arrivent". "On n'a pas de réponses. Je ne veux pas préjuger. Mais on a besoin de ces réponses. Et on a besoin de cette enquête", a indiqué Thierry Thuillier.
Paris soupçonne une manipulationCitant "une source proche du président français" Nicolas Sarkozy, le quotidien Le Figaro affirme vendredi que Paris soupçonne "une manipulation" des autorités syriennes qui les impliquerait dans la mort du journaliste. "Les responsables syriens étaient seuls à savoir qu'un groupe de journalistes occidentaux visitait Homs ce jour-là, et dans quel quartier il se trouvait", explique cette source dans Le Figaro, ajoutant: "On peut croire à un malheureux accident. Mais il tombe plutôt bien pour un régime qui cherche à décourager les journalistes étrangers et à diaboliser la rébellion".
Dès mercredi, Nicolas Sarkozy avait demandé aux autorités syriennes "qu'elles fassent toute la lumière sur la mort d'un homme qui ne faisait que son métier: informer". Gilles Jacquier, grand reporter, est le premier journaliste occidental tué en Syrie depuis le début de la révolte populaire contre le régime du président Bachar al-Assad il y a dix mois.
Les autorités syriennes ont annoncé jeudi la création d'une commission d'enquête sur les circonstances de la mort du journaliste français. L'agence officielle Sana a indiqué que la commission serait formée d'un juge, du chef de la sécurité criminelle de la ville de Homs, de deux experts en balistique et d'un représentant de France 2. Mais la direction de France Télévisions a démenti vendredi qu'un représentant de France 2 en fasse partie, précisant que "le groupe n'a pas, jusqu'à présent, été saisi" par les autorités syriennes. (afp)
14/01/12 09h26