La vodka bon marché est l'un des principaux fléaux pesant sur l'espérance de vie des Russes, mais les autorités redoutent de s'y attaquer de crainte de provoquer le mécontentement de la population, ont estimé mardi des experts et députés russes.
La consommation d'alcool par habitant et par an en Russie s'élève à "entre 15 et 18 litres. La part essentielle de cette consommation revenant aux boissons à haute teneur en alcool, ce qui la différencie de celle des autres pays", a indiqué Irina Denissova, chercheuse à l'Ecole d'économie russe en présentant un rapport sur la consommation d'alcool en Russie.
La consommation d'alcools forts "réduit en moyenne l'espérance de vie d'une dizaine d'années", a-t-elle ajouté, citant l'exemple des pays de l'Europe du Nord où l'espérance de vie a augmenté lorsque les habitants ont commencé à consommer davantage de vin et de bière.
"A court terme, il serait rationnel de remplacer la consommation de vodka par celle de vin et de bière", a renchéri Evgueni Gontmakher, expert de l'Institut du développement moderne, qui conseille le président Dmitri Medvedev.
Heures sombresM. Medvedev a déjà appelé à plusieurs reprises au renforcement de la lutte contre l'alcoolisme en Russie, déplorant que ses concitoyens boivent plus que dans les années 1990, pourtant plus sombres, au lendemain du démantèlement de l'URSS.
L'abus de boissons alcoolisées fait un demi-million de morts chaque année en Russie et a une répercussion sur l'espérance de vie, inférieure à celle de pays pauvres comme le Bangladesh ou le Honduras, selon un rapport officiel publié récemment en Russie.
Selon Daria Khaltourina de l'ONG "Pour le contrôle de l'alcool", la Russie est "l'unique pays" où les taxes sur la bière sont plus élevées que celles sur la vodka, "ce qui est absolument inacceptable". Le prix minimum d'un demi-litre de vodka est de 89 roubles (à peine plus de 2 euros). (belga)