La ministre de la Santé Marisol Touraine a tracé mardi les grandes lignes de sa future politique, insistant sur l'accès aux soins, qui passera par un encadrement rapide des dépassements d'honoraires des médecins et la réaffirmation du service public hospitalier.
Si la nouvelle ministre avait choisi un cadre très hospitalier pour son premier discours sur la santé --le salon Hôpital Expo et un auditoire où dominaient les dirigeants et membres de la Fédération Hospitalière de France (FHF) -- ses propos se sont adressés à l'ensemble des acteurs du secteur sanitaire et social.
Estimant "prématuré" de se livrer à "une présentation détaillée de la politique de santé" qu'elle aura à conduire, la ministre a rappelé les engagements de campagne du président François Hollande et d'abord celui sur l'accès aux soins "dont aucun de nos concitoyens doit être privé", "pierre angulaire d'un système de santé juste".
Les entraves à l'accès aux soins sont multiples, mais Mme Touraine s'est dit déterminée à aller vite sur l'une d'entre elles, les dépassements d'honoraires des médecins, qu'elle voudrait "encadrer".
Elle a souhaité qu'une négociation s'engage "rapidement entre l'ensemble des acteurs concernés" mais, a-t-elle ajouté, "elle ne pourra excéder quelques mois". "A défaut de résultat, le gouvernement assumera ses responsabilités", dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), examiné par le parlement à l'automne.
Les négociations sur les dépassements, principalement des médecins spécialistes de bloc opératoire, ont jusqu'ici échoué. L'ancien gouvernement était passé en force le 22 mars en obligeant par décret les mutuelles à rembourser contre leur gré des dépassements plafonnés à 50% du tarif remboursé par l'assurance maladie. Mais cette solution n'a satisfait aucun des acteurs concernés.
Si les négociations sur les dépassements s'annoncent ardues, tant avec les représentants des médecins libéraux dit du secteur 2 (à honoraires libres) qu'avec les praticiens hospitaliers exerçant aussi en libéral, un sondage TNS Sofres publié mardi montre que 81% des médecins se déclarent favorables à un encadrement, à condition d'être effectué "de manière identique en ville, en clinique et à l'hôpital".
Sur l'hôpital public, la ministre a rappelé, sous les applaudissements de son auditoire, la promesse du chef de l'Etat selon laquelle la notion de service public hospitalier sera réinscrite dans la loi, celle dite "Hôpital Patients Santé Territoires" (HPST) de 2009 n'évoquant que des "missions de service public".
Au cours du nouveau quinquennat, il n'y aura pas de grande réforme. "Mieux vaut des aménagements bien négociés que des lois d'affichage qui n'aboutissent en général qu'à fragiliser à la fois les structures et les personnels", a lancé Mme Touraine.
La ministre a rappelé aussi l'intention de remettre en cause la convergence tarifaire entre l'hôpital et les cliniques privées car ils ont "des missions et des patients différents".
Mais Mme Touraine a aussi rappelé la nécessité d'une bonne gestion des hôpitaux. "Un hôpital en déficit, c'est un hôpital qui n'investit plus sur l'avenir et qui se condamne à terme à perdre ses professionnels", a-t-elle dit, tout en rassurant sur l'accès des établissements au crédits bancaires, actuellement difficile.
Elle a insisté aussi sur la nécessité de mettre fin au "cloisonnement" entre la médecine de ville et l'hôpital et souhaité que ce dernier soit "recentré sur ses missions fondamentales".
S'agissant de la lutte contre les déserts médicaux, elle a évoqué "une garantie territoriale d'accès aux soins", qui passera par la mise en place de dispositifs locaux par les "acteurs de proximité". "Je crois aux projets locaux", a-t-elle dit.
Source : http://www.lepoint.fr